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L'EFS (Episodic Falling Syndrome)

Etat des connaissances sur l’EFS ou Episodic Falling Syndrome

Au moment où la race des Cavalier King Charles a été réintroduite en France, à la fin des années 70 et au début des années 80, notre Club de Race, le CENA, a été créé avec l’accord de la Société Centrale Canine, par les passionnés de cette race pour suivre et protéger son développement en France. Bien en a été car de quelques unités de Cavalier inscrits au LOF et nés en 1980, on est passé à près de 4000 Cavalier nés en 2 000 et en 2016, plus de 7 000 naissances.

Très vite, il a été évident pour tous à l’époque que la dégénérescence prématurée de la Valve Mitrale chez le Cavalier (pathologie souvent appelée MVD) était un véritable fléau conduisant trop de sujets à une mort prématurée. De nombreuses actions ont été entreprises par le Club à partir de 1995 qui ont conduit à un programme de lutte contre la MVD qui est toujours en vigueur de nos jours et qui a considérablement amélioré la santé de nos Cavalier même si malheureusement on ne peut pas encore parler d’éradication de cette tare cardiaque. La plupart des vétérinaires d’ailleurs vous diront, eux qui ont largement diffusé l’information que cette race avait plein de soucis de santé, qu’ils reçoivent maintenant dans leurs cliniques des Cavalier beaucoup plus âgés qu’avant et en meilleure santé.

Au début des années 2000 une autre maladie a été diagnostiquée chez quelques Cavalier : la syringomyélie. Encore mal connue de nos jours, notamment sur son origine et ses conséquences, cette maladie comparée à la MVD ne touche que peu de sujets et ne conduit que rarement à une issue fatale pour nos Cavalier. Les recherches et travaux sur cette maladie sont activement suivis par notre club, ont fait et font l’objet d’informations à nos adhérents à chaque avancée (Symposium en 2011, réunions d’informations des éleveurs et parutions dans le bulletin du Club) et nous ont conduit à créer un groupe de travail autour d’un vétérinaire spécialiste pour essayer d’avancer dans ce domaine.
Il est à noter que la première fois que le comité du Club a entendu parler d’une maladie appelée outre Manche l’EFS (Episodic Falling Syndrome), c’est mi 2011 par le biais d’une publication d’un laboratoire anglais qui venait d’identifier « le » gène muté qui pouvait causer l’apparition de cette maladie. A cette époque, ni les vétérinaires, ni les laboratoires, ni les propriétaires des quelques 70 000 à 90 000 Cavalier inscrits au LOF et vivant en France ne nous avaient signalé la moindre information sur ce sujet ou averti d’apparition de symptômes ressemblant à cette pathologie : cette maladie se manifeste principalement sur un chiot âgé de quelques mois, le chiot perd l’équilibre et tombe pendant quelques secondes, voire minutes en donnant l’impression de faire une crise d’épilepsie puis se relève et reprend une vie normale. Ce type de crise peut se reproduire mais tend à disparaître lorsque le chiot grandit.

L’article anglais a été traduit et publié dans le bulletin n°112 du Club diffusé mi 2011 à nos adhérents.

Notre Club a organisé à Villepinte le 11 Juillet 2011 un Symposium International pour faire un point sur la race des Cavalier King Charles et des King Charles et leur santé. Des chapitres importants ont été consacrés à la MVD et à la Syringomyélie, de nombreuses tables rondes ont permis à toutes les personnalités présentes, éleveurs, propriétaires, vétérinaires, juges…(au total une centaine de personnes françaises et étrangères) d’échanger sur la santé de nos petits compagnons. Il est à noter qu’à aucun moment de ce symposium un participant (français ou étranger) n’a évoqué l’EFS ou questionné sur son impact sur nos races, ce qui tendrait à prouver que l’EFS, si toutefois il était alors connu des participants, n’était pas un sujet préoccupant ou prioritaire.

Le club a convoqué une Commission d’élevage le 16 Juin 2012 au cours de laquelle l’EFS a été évoqué. Voilà ce qui figure dans le PV à propos de l’EFS (publié dans le Bulletin n°117 fin novembre 2012) :

« Dans l’état actuel des connaissances la commission d’élevage ne juge pas utile de demander aux éleveurs de mettre en œuvre ces tests, même si certains d’entre eux devront le faire pour vendre leurs chiots à l’étranger (Allemagne et Europe de l’Est en particulier). D’une part parce que la KCS fait déjà partie des tares héréditaires que nous recherchons. D’autre part, une étude récente effectuée sur 2800 Cavalier concluait à une prévalence de l’EFS de 3,7% de chiens atteints et 21,5% de chiens porteurs. Nous nous interrogeons sur la découverte de cette maladie qui va de pair avec la découverte de son test génétique. Les membres de la commission n’ont jusqu’ici pas eu connaissance de tels cas, ce qui semble incompatible avec une prévalence de 3,7% dans notre cheptel. Maintenant que nous sommes alertés, nous serons cependant vigilants afin de juger de l’éventuelle émergence d’une telle pathologie. »

Au cours du comité du 15 décembre 2012, l’EFS a été mis à l’ordre du jour. Il a fait l’objet d’un chapitre dans le PV de ce comité paru dans le bulletin n°118 diffusé début 2013 dont voici un extrait :

« Notre rôle en tant que Club de Race est de pouvoir obtenir plus d’informations sur cette pathologie, afin de renseigner (et soutenir) nos adhérents, sans pour autant mettre une nouvelle fois le Cavalier en avant pour ses problèmes de santé. Pour cela, nous avons à la fois besoin d’informations quantitatives sur la prévalence de cette maladie dans notre cheptel, et de témoignages sur la gravité des symptômes observés et l’évolution des chiens atteints. Il est donc demandé aux adhérents réalisant ces nouveaux tests génétiques d’envoyer copie des résultats à Bertrand Dumont qui constituera une base de données permettant d’obtenir des premières informations quantitatives sur l’état de notre cheptel. La plus totale confidentialité est garantie vis-à-vis des résultats de ces tests, et seules des informations statistiques moyennes seront divulguées. Par ailleurs, il serait très utile que les personnes confrontées à cette maladie témoignent de ce qu’elles ont observé sur leur chien. »

Au cours du comité du 2 mars 2013, l’EFS a encore été évoqué comme mentionné dans le PV paru dans le bulletin n°119 diffusé mi 2013 :

« Tests EFS (dépistage de chute épisodique) et CKCSID dépistage de la Kérato-conjonctivite sèche et Dermatose Ichtyosiforme)
Bertrand Dumont a reçu 60 résultats. Il est demandé aux éleveurs ayant fait effectuer des tests d’envoyer tous leurs résultats afin de créer une base de données fiable et mieux gérer les mariages.

Les résultats des statistiques des laboratoires anglais et ceux d’Antagène ne sont pas basés sur le même nombre de chiens testés : plus de 4836 tests pour les anglais et une centaine pour Antagène. La question se pose d’une publicité alarmiste de la part du laboratoire Antagène en vue de la mise sur le marché de leurs tests. »


Dans ce même numéro 119, Bertrand Dumont a publié un article sur la «Gestion des maladies génétiques récessives peu invalidantes » comme l’EFS. Cet article est donné en totalité en Annexe 1, on peut y lire notamment :

« L’Episodic Falling Syndrom (EFS) a fait récemment son apparition, notamment en raison de la mise au point d’un test génétique actuellement commercialisé par trois laboratoires, qui permet de déceler les chiens porteurs de ce gène alors même qu’ils ne manifesteront jamais de symptôme. A ce jour, nous n’avons eu connaissance que de quatre chiens atteints dans le cheptel français, et nous suivons leur évolution : un premier chiot a vu ses symptômes disparaitre avec l’âge, un deuxième n’a à ce jour jamais manifesté de symptôme, les deux derniers chiots ont manifesté des symptômes dont la fréquence semble décroitre avec l’âge. »

Pendant toute l’année 2013, Bertrand Dumont a reçu les résultats des tests EFS effectués par les éleveurs et particuliers. Ainsi, il a pu réaliser une étude statistique sur les 219 résultats reçus à fin novembre 2013, étude dont le compte rendu fait l’objet de l’annexe 2 jointe à ce document et publié dans le bulletin n°121-122 diffusé début 2014. Cette étude se termine par la conclusion suivante :

« En conclusion, ce sont donc des tests ciblés qui nous permettront d’avancer, là où les statistiques globales fournies par les laboratoires encourageraient plutôt à faire tester tous les chiens. Les éleveurs ne devraient pas être réticents à faire ces tests puisque la manifestation de ces deux maladies est encore actuellement « rare », même sur les chiens atteints : c’est donc le bon moment pour tenter de les éradiquer dans les années qui viennent. Ces premières recommandations discutées en réunion de comité le 27 Octobre 2013, seront partagées et affinées lors d’une réunion de la commission d’élevage programmée en Février 2014. »

Il est intéressant également de souligner que :

« En ce qui concerne l’évolution des sept chiens testés atteints pour l’EFS, cinq (un adulte et 4 chiots) n’ont jamais manifesté de symptômes. »

Le 8 février 2014 une commission d’élevage a été réunie par Bertrand Dumont durant laquelle l’EFS a été évoquée :

« Bertrand Dumont présente son analyse statistique des résultats EFS (publiée dans le bulletin n°121-122 et donnée en annexe 2) et donne les recommandations à suivre en termes de sélection et de conduite d’élevage. Le détail de cette présentation a été publié dans le précédent bulletin. On rappelle ici les recommandations d’élevage : - Encourager les éleveurs à tester les unicolores pour l’EFS, au moins les mâles.
- Tester les mâles unicolores pour le Curly Coat avant de les marier à des particolores.
- Ne pas faire reproduire un chien atteint.
- Faire tester les mâles offerts à la saillie.
- Faire tester les deux reproducteurs lors des mariages particolores/unicolores »


Pendant toutes ces années (2012, 2013 et 2014) où nous avons cherché à en savoir plus sur l’EFS, le comité n’a JAMAIS été alerté par des particuliers ou des éleveurs sur la manifestation de symptômes de l’EFS sur des Cavalier. Et ceci est encore valable actuellement puisqu’aucune manifestation auprès du comité n’a eu lieu à la date d’aujourd’hui fin avril 2017.

Dans le dernier bulletin paru à ce jour (le n° 131 paru fin 2016) nous avons recensé le petit nombre d’examens EFS faits par les éleveurs et particuliers depuis 2013 :

année
EFS
Indemne
porteur
atteint
2016
15
12
3
0
2015
8
5
3
0
2014
25
15
10
0
2013
173
121
47
5
2012
51
43
6
2
2011
1
1
<2011
0
Total
273
197
69
7


« Contrairement à la MVD, le test sur l’EFS est « définitif » : un sujet est soit indemne, soit porteur, soit atteint. Donc une portée issue de 2 sujets « indemnes » ne produira que des chiots « indemnes ». Donc pour ce type de portées, l’examen EFS n’est pas nécessaire, ce qui réduit le nombre d’examens nécessaires et ne permet donc pas de comparer les statistiques de ce test à celles de l’échocardiographie. A l’extrême, lorsqu’on n’aura plus que des sujets « indemnes » dans nos cheptels, ce test deviendra obsolète (sauf peut-être à prouver à l’acheteur que le chiot est bien issu de cette portée). »

En conclusion de l’état actuel des connaissances sur l’EFS, on constate que :
- l’EFS a été porté à notre connaissance mi 2011 non pas par l’apparition de symptômes de la maladie relevés par les éleveurs ou les particuliers mais par les résultats de recherche publiés par des laboratoires.
- encore actuellement des vétérinaires nous contactent pour nous demander ce qu’est exactement « l’EFS » dont ils ont appris l'existence
- un seul test permet de connaitre l’état d’un chien : sain, porteur ou atteint.
- parmi les chiens porteurs ou atteints, jusqu’à présent, un nombre excessivement faible aurait manifesté temporairement des signes cliniques.
- l’élimination de la transmission du gène qui pourrait favoriser l’apparition de cette maladie est facile à mettre en œuvre mais ne justifie pas la mise à l’écart systématique de tous les sujets porteurs ou atteints au risque d’une diminution drastique du potentiel génétique dans cette race.
- il est donc recommandé qu’un chien testé « atteint » ne soit pas utilisé pour la reproduction. Dans le cas où le chien atteint mais asymptomatique présente par ailleurs des qualités exceptionnelles qui font que l’on souhaite conserver la lignée, il est envisageable de le faire reproduire : il est alors impératif que ce soit avec un partenaire de qualité indemne EFS. Les chiots issus de cette union seront tous porteurs mais permettront de sauver ce patrimoine génétique. Il conviendra évidemment d’informer les futurs acquéreurs que les chiots issus de ces mariages sont porteurs.


Le 25 avril 2017
Patrice Jauffret

Annexe 1



Gestion des maladies génétiques récessives peu invalidantes : l’exemple de la Dysplasie Rétinienne et de l’Episodic Falling Syndrom (EFS)



Elever c’est produire de beaux chiens, les plus proches du standard de la race, bien sociabilisés et en bonne santé. A ce jour, cela revient chez le Cavalier King Charles à tester l’ensemble de ses reproducteurs pour la MVD et à n’utiliser pour la reproduction que les sujets jugés « aptes » selon une grille de tolérance évoluant avec l’âge, à faire examiner ses reproducteurs pour les tares oculaires et à écarter les sujets atteints de Kerato-Conjonctivite Sèche, d’Atrophie Progressive de la Rétine et de toutes les formes de Cataracte, et à être attentif à tous les signes de Syringomyélie que l’on cherchera à faire confirmer par IRM. Ces choix résultent du caractère gravement invalidant de ces pathologies, que l’on cherche à éradiquer en écartant de la reproduction les chiens atteints. Récemment des questions nous ont été posées sur la conduite à tenir face à deux pathologies moins invalidantes : la Dysplasie Rétinienne et l’Episodic Falling Syndrom (EFS). J’utilise avec précaution le terme « moins invalidantes » car dans l’état actuel des connaissances la Dysplasie Rétinienne ne conduit que très rarement à un décollement de la rétine (qui lui serait invalidant). Par ailleurs, le peu de recul qu’on a sur l’EFS laisse à penser qu’il s’agirait d’une pathologie certes spectaculaire mais qui dans la plupart du temps disparaitrait lorsque le chiot grandit. J’insiste aussi sur « dans l’état actuel des connaissances » parce que ces orientations d’élevage pourront être modifiées en fonction d’observations à venir. Enfin, je traite en même temps de ces deux pathologies, car mêmes si leurs symptômes sont complètement différents, elles ont toutes deux un déterminisme génétique récessif simple (comme l’allèle Blenheim face au Tricolore). Les chiens qui expriment ces symptômes sont ainsi porteurs de deux allèles atteints (puisqu’ils expriment un allèle récessif) qu’ils transmettront à l’ensemble de leur descendance. En première génération, leurs chiots seront à minima porteur sain.

La Dysplasie Rétinienne faisait partie des tares oculaires recherchées jusqu’il y a quelques années, et les sujets atteints étaient donc écartés de la reproduction. Le Club a choisi de ne plus exclure les chiens atteints de cette pathologie des cotations parce que d’une part la SCC demande de retenir un maximum de quatre tares héréditaires pour la gestion des races canines (chez nous la MVD et les trois tares oculaires précitées), et parce que d’autre part nous sommes conscients qu’écarter un trop grand nombre de sujets de la reproduction conduit à terme à un appauvrissement du patrimoine génétique, à éviter afin de conserver la possibilité de faire évoluer nos races. Ceci étant dit, il faut néanmoins chercher à lutter efficacement contre l’expansion de la Dysplasie Rétinienne qui prend des formes plus ou moins localisées et se manifeste sur un œil ou sur les deux yeux. Il n’est pas formellement interdit d’utiliser ces chiens à la reproduction, mais il faut dans ce cas les croiser avec un chien non atteint, issu d’une lignée testée sur plusieurs générations afin de limiter le risque que celui-ci soit lui-même porteur sain (dans ce cas en moyenne 50% des chiots seraient atteints). Il serait particulièrement dommageable de croiser deux chiens atteints, car tous les chiots seront alors atteints. En élevage, un principe de base est d’ailleurs de « ne pas doubler un défaut ou une tare » ; utiliseriez-vous un mâle qui à la croupe avalée sur une chienne qui a également une croupe avalée ? Les deux parents d’un chien atteint de Dysplasie Rétinienne sont nécessairement porteurs. Il faudra donc envisager avec la plus grande précaution la consanguinité à partir de ces chiens, et le mariage qui a conduit à produire des chiens atteints sera proscrit. Dans le cas particulier de la Dysplasie Rétinienne, l’examen précoce des chiots par un vétérinaire ophtalmologiste permet de déceler les chiots atteints. Celui-ci sera donc très utile pour savoir quels chiens garder et quels chiens vendre à des personnes qui n’ont pas l’intention de reproduire. Une telle politique est possible parce que dans la très grande majorité des cas le chien ne manifestera aucune gène ; à ce titre il ne serait pas éthique de faire euthanasier les chiots atteints.

L’Episodic Falling Syndrom (EFS) a fait récemment son apparition, notamment en raison de la mise au point d’un test génétique actuellement commercialisé par trois laboratoires, qui permet de déceler les chiens porteurs de ce gène alors même qu’ils ne manifesteront jamais de symptôme. A ce jour, nous n’avons eu connaissance que de quatre chiens atteints dans le cheptel français, et nous suivons leur évolution : un premier chiot a vu ses symptômes disparaitre avec l’âge, un deuxième n’a à ce jour jamais manifesté de symptôme, les deux derniers chiots ont manifesté des symptômes dont la fréquence semble décroitre avec l’âge. Le laboratoire Antagène a récemment annoncé un taux de prévalence de 14,8% dans le cheptel français, et nous sommes très critiques vis-à-vis de la représentativité de leur échantillonnage. C’est une des raisons pour laquelle, nous avons récemment demandé à nos adhérents de transmettre au Club les résultats de leurs chiens, afin de pouvoir avoir une vision plus exhaustive de l’état de notre cheptel et conforter notre politique d’élevage. Au delà des effets d’annonce, le point positif est qu’en disposant d’un test génétique on pourra éradiquer bien plus rapidement cette pathologie, car le test permet d’identifier non seulement les chiens atteints mais aussi les porteurs sains. On évitera ainsi de croiser deux porteurs sains ensemble car la probabilité d’avoir un chiot atteint est alors de 25% Un chien atteint marié à un porteur sain donnerait 50% de chiots atteints et 50% de porteurs sains, et ces mariages sont donc également à éviter. En revanche, un porteur sain marié à un chien indemne donnera 50% de porteurs sains et 50% de chiots indemnes. Tester ces chiots permettra de décider lesquels on peut conserver sans risque pour la reproduction. Enfin, un chien atteint marié avec un chien indemne produira une portée dont tous les chiens sont porteurs sains. En seconde génération, il faudra les utiliser avec des chiens indemnes afin de progressivement faire disparaître les « mauvais gènes » tout en conservant les qualités de ces lignées. Il va en effet de soi qu’utiliser des chiens atteints ou porteurs se justifie lorsque ceux-ci ont des qualités utiles à la race, un excellent phénotype ou un très bon cœur par exemple. Ne pas systématiquement sortir de la reproduction les chiens atteints ou porteurs de tares génétiques peu invalidantes peut donc se justifier mais nécessite de raisonner scrupuleusement leurs mariages et ceux de leur descendance. Le travail d’élevage s’inscrit en effet dans la durée. Il s’appuie sur la connaissance de ses lignées, et implique une communication ouverte avec les acheteurs et les éleveurs qui viennent en saillie.

Bertrand Dumont

Annexe 2



Premier bilan de l’analyse des résultats des tests EFS et Curly Coat parvenus au Club



Lorsque l’an dernier trois laboratoires ont mis sur le marché un test génétique permettant de déceler les Cavaliers King Charles porteurs d’Episodic Falling Syndrom (EFS), de Kérato-Conjonctivite Sèche et de Dermatose Ichtyosiforme (Curly Coat communément appelé « poil frisé »), nous nous sommes posé la question de savoir si ces tests pratiqués systématiquement dans certains pays voisins étaient réellement utiles. Dans la foulée le laboratoire Antagène a annoncé que 14,8% des Cavaliers français seraient porteurs pour l’EFS (soit plus que les chiens anglais 8% et américains 12,9%), alors que 7,3% de nos Cavaliers seraient porteurs pour le Curly Coat.

Questionnés sur l’origine de ces chiffres, un représentant d’Antagène nous a répondu que « la fréquence de 14,8% avait été déterminée suite à une étude populationnelle sur une centaine d'individus représentatifs de la population française: individus de lignées et d'élevage différents » . Il devenait urgent de renseigner les éleveurs adhérents du Club sur la conduite à tenir. Afin de vérifier les taux de prévalence de ces pathologies, nous leur avons demandé de transmettre au Club les résultats de leurs chiens dans le but d’avoir une vision plus exhaustive de l’état de notre cheptel et de conforter notre politique d’élevage.

Au 22 Novembre 2013, nous avons ainsi reçu les résultats de 219 Cavaliers testés pour l’EFS, dont 175 l’étaient également pour le Curly Coat (trois éleveurs n’ont testé leurs chiens que pour l’EFS par le laboratoire Laboklin, et une quatrième n’a testé qu’une partie de son cheptel pour le Curly Coat). Plus d’une trentaine d’éleveurs ont participé à ce recensement, et une dizaine de particuliers nous ont aussi transmis les résultats de leur chien. Nous ne pouvons garantir la représentativité de cet échantillonnage, mais il est certain qu’il couvre des lignées très diverses. On peut être légitimement déçu que des éleveurs qui affirment faire tester leurs chiens sur leur page Facebook n’aient pas transmis ces résultats (rappelons que si un éleveur dit que ses chiens sont testés, il doit être en mesure de montrer les résultats de ces tests à ses acheteurs), mais soyons positifs, la base du Club comporte à ce jour les résultats de 87 particolores (blenheims et tricolores) et 132 unicolores. Ces résultats indiquent des différences très nettes entre les couleurs.

Pour l’EFS, seuls deux particolores sont en effet porteurs (ils sont de lignées différentes), soit 2,3% de porteurs pour 97,7% de chiens sains. Chez les unicolores, nous avons en revanche 44% de chiens porteurs ou atteints par l’EFS (51 porteurs, 7 atteints)... Il va de soi qu’avec de tels chiffres des lignées très différentes sont concernées. Ces résultats sont en tout point conformes aux résultats du club Danois sur plus de 1000 chiens testés : 3% d’atteints ou de porteurs de l’EFS chez les particolores, 36% chez les unicolores. Afin de calculer un taux de prévalence de l’EFS dans le cheptel français il faut considérer l’importance relative des naissances en particolores et en unicolores. Les chiffres étant stables d’une année sur l’autre j’ai considéré les résultats présentés à l’AG 2012 à partir des naissances 2011, soit 76.5% de particolores et 23.5% d’unicolores. Si on applique cette répartition des couleurs au résultat des tests EFS dans les deux groupes, on arrive à l’estimation de 12,1% de chiens porteurs ou atteints de l’EFS dans le cheptel français, un chiffre légèrement inférieur à celui annoncé par Antagène mais hélas loin d’être négligeable.

En ce qui concerne l’évolution des sept chiens testés atteints pour l’EFS, cinq (un adulte et 4 chiots) n’ont jamais manifesté de symptômes. Rappelons que l’EFS se manifeste par une perte brutale mais généralement courte de l’équilibre : le chiot debout tombe subitement, semble avoir du mal à se relever pendant quelques minutes, puis redevient « normal ». Un chiot a fait des crises assez fréquentes à l’âge de deux mois (3 à 4 de suite tous les 15 jours) et avec l'âge celles-ci se sont espacées. La dernière crise a eu lieu lorsque le chiot était âgé de dix mois (il a aujourd’hui un an et demi). Le second chien à avoir manifesté des symptômes a fait sa première crise à l'âge de cinq ans. Il fait 3-4 crises par an. Selon son éleveuse, elles sont en tous points identiques à de l'épilepsie mais durent moins longtemps.

Pour le Curly Coat, c’est une tendance inverse qui est révélée par l’analyse des tests qui nous sont parvenus. Un seul unicolore est porteur, soit 1% des unicolores testés, mais 17% des particolores testés sont porteurs... Si on fait le même calcul que précédemment pour tenir compte de la répartition des couleurs dans notre cheptel, on conclut à un taux de 13,2% de porteurs du Curly Coat chez les Cavaliers français, soit plus que le chiffre annoncé par Antagène. Cela représente en tout 13 Cavaliers dont certains sont certes apparentés mais pas tous puisque on trouve cinq pedigrees complètement différents chez ces 13 chiens.

Quelles recommandations peut-on alors faire aux éleveurs ? Au vu des taux de prévalence observés, en particulier les 44% d’unicolores porteurs de l’EFS, on ne peut pas se voiler la face même si une majorité des chiens atteints ne manifeste heureusement aucun symptôme. Rappelons par ailleurs que le fait de disposer d’un test génétique est une chance, car celui-ci permet d’identifier les chiens atteints, mais aussi les chiens porteurs qui n’expriment pas ces tares au déterminisme récessif simple (on parle donc de porteurs sains) mais peuvent les transmettre. Ainsi on sait qu’il faut éviter de croiser deux chiens porteurs sains puisque la probabilité d’avoir un chiot atteint est alors de 25%.

Allèle Sain (50%) Allèle atteint (50%)
Allèle Sain (50%) SS (indemne) Sa (porteur sain)
Allèle atteint (50%) Sa (porteur sain) aa (atteint)

Ce tableau résume en effet le résultat du croisement entre deux chiens porteurs sains. Chacun porte les allèles sain (S) et atteint (a) qu’ils transmettent une fois sur deux (avec une probabilité de 50%). Le résultat est donc en moyenne de 25% de chiens sains (SS), de 50% de porteurs sains (Sa) et de 25% de chiens atteints (aa) Le tableau suivant résume le résultat du croisement entre un porteur sain et un chien indemne. Le porteur sain porte les allèles sain (S) et atteint (a) qu’il transmet une fois sur deux. Le chien sain ne peut transmettre que l’allèle S (puisqu’il n’est pas porteur de l’allèle atteint). Le résultat est donc en moyenne de 50% de chiens sains (SS), de 50% de porteurs sains (Sa). Tester les chiots issus de tels mariages permettra de décider lesquels on peut conserver sans risque pour la reproduction.

Allèle Sain (50%) Allèle atteint (50%)
Allèle Sain (100%) SS (indemne) Sa (porteur sain)

Si on veut avancer, une recommandation logique serait donc d’encourager à tester les reproducteurs unicolores en âge de reproduire pour l’EFS. A minima, on testera les mâles, et si un mâle porteur est intéressant pour la race, il faut tester les femelles avec qui on souhaite l’utiliser pour s’assurer que celles-ci sont saines (on est alors dans le cas du second tableau). Il faudra ensuite tester les chiots nés en première génération pour écarter progressivement les chiens porteurs, tout en conservant les qualités de ces lignées. Un raisonnement analogue est à tenir pour le Curly Coat chez les particolores, puisque dans le cas d’un mariage entre deux chiens porteurs, la probabilité est de 25% de faire naître un chiot atteint qu’il faudra probablement euthanasier.

Par ailleurs, on conseille de ne pas faire reproduire un chien atteint de l’EFS. En effet même marié à un chien indemne, tous les chiots seront porteurs sains en première génération ce qui contribue à diffuser ces tares.

Dans un souci de transparence, on recommandera également de tester les mâles offerts à la saillie afin que si un chien est porteur, la personne qui demande la saillie le fasse en connaissance de cause, et qu’elle s’assure auparavant que sa chienne est saine.

Enfin, vu que le taux de prévalence de l’EFS et du Curly Coat sont radicalement différents chez les particolores et les unicolores, on recommandera de tester les deux chiens dans le cas d’un mariage entre un particolore et un unicolore. De tels mariages peuvent probablement contribuer à réduire le taux de prévalence de l’EFS chez les unicolores, mais il faut prendre garde de ne pas introduire les gènes porteurs du Curly Coat dans ces lignées. De même, ces croisements peuvent contribuer à réduire le taux de prévalence du Curly Coat chez les particolores, mais il faut prendre garde de ne pas augmenter la fréquence des chiens porteurs de l’EFS dans les lignées de particolores.

En conclusion, ce sont donc des tests ciblés qui nous permettront d’avancer, là où les statistiques globales fournies par les laboratoires encourageraient plutôt à faire tester tous les chiens. Les éleveurs ne devraient pas être réticents à faire ces tests puisque la manifestation de ces deux maladies est encore actuellement « rare », même sur les chiens atteints : c’est donc le bon moment pour tenter de les éradiquer dans les années qui viennent. Ces premières recommandations discutées en réunion de comité le 27 Octobre 2013, seront partagées et affinées lors d’une réunion de la commission d’élevage programmée en Février 2014.

Bertrand Dumont