Le compte rendu

Les résultats sur les échocardiographies présentés par Bertrand Dumont sont disponibles sur la page "La santé" du site.

1er Symposium International organisé par notre club
Le Lundi 11 Juillet 2011

au Hyatt Regency Paris

Comme vous le savez déjà, notre club a profité de la venue à Paris de nombreux cynophiles du monde entier à l’occasion de la mondiale du chien de race en France pour organiser le 1er symposium international sur le Cavalier King-Charles et le King-Charles.


(Photos Hervé Boutin)

Cette tache était lourde pour votre comité mais elle nous a paru très importante dans le contexte actuel : les médias depuis quelques années ont fait une contre publicité sur nos races, principalement d’ailleurs sur le Cavalier, mettant en avant « les graves problèmes de santé » rencontrés par nos chiens, notamment en Angleterre et en Hollande. Ceux-ci ne sont pas plus importants que dans les autres races mais ils ont été amplifiés de façon inquiétante et ont provoqué parfois un effet de stress auprès des éleveurs et des propriétaires de nos chiens.
Depuis quelques années déjà, il nous paraissait essentiel de travailler en collaboration avec les clubs étrangers pour l’avenir de nos races, mais l’éloignement géographique avait empêché jusque-là cette collaboration. Cette manifestation de la Mondiale nous donnait une belle occasion et nous l’avons saisie : ce 1er Symposium a rassemblé une centaine de participants, dont la moitié d’étrangers venus du monde entier : Angleterre, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Finlande, Hollande, Italie, Irlande, Suède, Suisse, Thaïlande, USA. Nous comprenons parfaitement qu’après le Championnat de France et la Mondiale, certains éleveurs ou particuliers français n’aient pas pu rester une journée de plus.
Pour permettre un échange fructueux, le club avait mis en place une traduction simultanée assurée par des professionnels, investissement important mais qui a permis aux participants de pouvoir s’exprimer, échanger et se comprendre aussi bien en français qu’en anglais (même si quelques exposés très « techniques » médicalement ont pu poser quelques petits problèmes à notre équipe de traducteurs simultanés !).
Comme toute race vivante, la race des Cavalier King Charles et celle des King Charles sont soumises aux lois habituelles de la nature, avec leurs lots de maladies. La plus connue pour ces races est la maladie de la valve mitrale (connue sous l’acronyme anglais MVD pour « Mitral Valve Disease ») qui fait l’objet depuis plusieurs années, comme vous le savez, d’une action soutenue du club.


Exposé du Dr Gérard Haroutunian

L’objectif que le club avait fixé au Dr vétérinaire Gérard Haroutunian il y a une quinzaine d’année pour la MVD, était de trouver un moyen de dépister la maladie très précocement pour pouvoir plus facilement l’éradiquer. Le Docteur Gérard Haroutunian a exposé de façon très claire et compréhensible pour l’auditoire le résultat de ses recherches de l’époque et l’application qui en a suivi pour le club depuis 1998 : le contrôle régulier des géniteurs, mâles ou femelles, par échocardiographie selon un protocole bien précis appelé « axe long dit 5 cavités ». Lorsque la maladie cardiaque est relativement avancée chez le chien, celle-ci se manifeste par la détection d’un « souffle » à l’écoute stéthoscopique du vétérinaire. A ce moment, le chien ou la chienne a pu déjà reproduire de nombreuses fois. Le contrôle par échocardiographie dès l’âge de 18 mois et ensuite tous les 18 mois, permet de mettre en évidence la détérioration précoce du fonctionnement de la valve mitrale, causée principalement par le mauvais fonctionnement des muscles papillaires qui aura pour effet, avec le temps, de dégrader l’efficacité de la valve mitrale.


Cette détection précoce a deux avantages :
- avertir très tôt les éleveurs ou particuliers de la maladie de leur chien, bien avant l’apparition d’un « souffle » et donc pouvoir le retirer de la production avant qu’il n’ait reproduit
- soigner le chien pour cette maladie et ainsi lui permettre de vivre plus longtemps.
Cette détection par échocardiographie est recommandée par le club depuis maintenant plus d’une douzaine d’année, elle est obligatoire pour les élevages ayant signé la charte de qualité du club. Elle permet aujourd’hui de faire un bilan significatif des résultats obtenus. Bertrand Dumont, membre du comité, a présenté ensuite les études qu’il fait régulièrement sur les résultats de ces échocardiographies qui sont enregistrées par lui et archivées par le club (près de 5 000 à ce jour). Parmi les 5 000 échocardiographies enregistrées, plusieurs concernent des chiens qui ont été testés 2, 3 voire 4 ou 5 fois dans leur vie. Leurs enfants et même petits enfants ont été également testés. On a pu ainsi faire des statistiques sur les chiens issus de parents testés et ceux qui ne le sont pas. Les résultats montrent précisément que les chiens issus de parents testés indemnes ou peu atteints sont eux-mêmes moins enclins à être atteints. Ces résultats sont donc très encourageants pour la préservation de la race et montrent le bien fondé de la méthode préconisée depuis une quinzaine d’années par le club.


La table ronde qui a suivi ces exposés a permis aux participants de poser de nombreuses questions. Le chapitre suivant concernait une maladie relativement récente, peu connue et peut-être pour cela inquiétante : la syringomyélie. Le club avait demandé au Dr vétérinaire Jean Laurent Thibaud, neurologue, consultant éminent au service de neurologie de Maisons Alfort, de faire le point sur cette maladie qui a fait l’objet d’une très grande médiatisation négative en Angleterre il y a trois ans.


Cette maladie existe aussi en France mais elle ne s’est, jusqu’à présent, heureusement pas trop manifestée ni étendue sur notre territoire. Elle est due à une atrophie ou malformation du canal rachidien qui limite le passage du liquide cérébrospinal du cervelet vers la moelle épinière, créant ainsi des troubles neurologiques chez le chien. Cette maladie existe aussi chez l’homme (syndrome d’Arnold Chiari).


Exposé du Dr Jean Laurent Thibaud

Le Dr Jean Laurent Thibaud a clairement décrit le problème de cavitation de la moelle épinière chez le Cavalier (syndrome de malformation occipitale caudale) qui génère une anomalie de circulation du liquide cérébrospinal. Le problème majeur de cette maladie est que le seul moyen fiable de la diagnostiquer à ce jour est un examen par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) qui est un examen difficile à réaliser car il y a peu de « machines » actuellement sur le territoire français et qui en plus est extrêmement coûteux (300 à 500 € par examen). De plus il nécessite une anesthésie complète et longue du chien, ce qui est redouté par leur propriétaire. Pour ces raisons, jusqu’à présent, un petit nombre de chiens ont été examinés par IRM en France, petit nombre par rapport au cheptel français actuel de chiens L.O.F estimé à environ 70 000 Cavalier. Le Dr Thibaud nous a informé que de nombreux chiens pourraient être porteurs de cette maladie (70% des chiens testés par IRM ont un syrinx à 5 ans) mais que ceux-ci n’en exprimeraient pas les symptômes au cours de leur vie (seulement 35% des chiens testés auraient des symptômes). Mais il a constaté également que 25% des chiens qui présentent un symptôme n’ont pas de syrinx. On voit ainsi que l’état actuel des connaissances sur cette maladie est loin d’être satisfaisant. De plus, il n’existe pas encore à l’heure actuelle de traitement approprié pour soigner cette maladie. Enfin, la transmission de cette maladie est mal connue de même que son évolution avec l’âge. Il semblerait cependant que la prédisposition de cette maladie croisse avec l’âge. Malgré tout cela, notre club se tient très régulièrement informé des travaux menés à travers le monde et en tient informés ses adhérents (conférences et articles parus dans le bulletin du club). De nouveaux contacts vont être pris avec le Dr Jean Laurent Thibaud et Maisons Alfort d’ici quelques semaines pour essayer de mettre en place un programme permettant d’avancer dans la connaissance de cette maladie. Le but est de pouvoir donner aux éleveurs dès que possible des consignes fondées d’élevage face à cette maladie comme cela a pu être fait pour la MVD. Le club a ensuite demandé à Mrs Sheena MacLaine, présidente du Cavalier King Charles Spaniel Club anglais de décrire, à l’occasion de ce symposium, les actions qui ont été menées en Angleterre.


Exposé de Mrs Sheena McLaisne

Celles-ci ont commencé en 2003 avec le soutien des premières recherches du Dr Clare Rusbridge et se sont poursuivies jusqu’aux études actuelles menées par les laboratoires sur les gènes pour tenter d’identifier les modes de transmission de cette maladie. Plusieurs séminaires se sont tenus en Angleterre ces derniers temps pour proposer notamment aux éleveurs et particuliers anglais d’enregistrer dans les clubs les noms des chiens testés par IRM atteints ou indemnes et de rendre public ces listes, en attendant que l’on trouve les causes de cette maladie ou les médicaments capables de la soigner. La décision finale de publication de ces listes n’est pas encore prise en Angleterre. Mrs Sheena Maclaine nous a informé également que des discussions avaient encore lieu actuellement entre les différents responsables pour trouver un accord sur un protocole d’examen par IRM qui serait « acceptable ». Certains préconisent même que les examens IRM faits en Angleterre jusqu’à présent ne sont pas valables et sont donc à refaire entièrement. Ceci montre bien que, malheureusement, les connaissances actuelles sur cette maladie ne sont pas satisfaisantes et nécessitent que l’on poursuive activement la recherche dans ce domaine. La table ronde qui a suivi ces exposés a permis aux participants de s’exprimer et de constater que, si cette maladie existe malheureusement dans nos races, elle n’est heureusement pas très répandue (même si les médias en ont amplifié les effets). Tous les participants ont apprécié les informations claires et honnêtes données par les intervenants sur cette maladie.


Les membres du comité animent les tables rondes

Ces chapitres consacrés aux maladies de nos races ont été suivis par des chapitres consacrés à la conservation du « type » de chacune des deux races. En effet, le risque majeur qui est associé aux actions d’éradication des maladies, et qui a été d’ailleurs relevé par les docteurs vétérinaires intervenants, est petit à petit d’appauvrir le patrimoine génétique de la race, à force d’éliminer de la reproduction les sujets mâles ou femelles atteints ou porteurs d’une maladie, et ainsi de perdre petit à petit les caractéristiques de la race qui en font sa spécificité que nous aimons tant. Mrs Sheilagh Waters, éleveuse britannique réputée de Cavalier King Charles et de King Charles sous l’affixe « Maibee », avait été sollicitée par le club pour nous parler du type « Cavalier » et de son maintien. Son intervention était prête lorsqu’elle a dû faire face à d’importants problèmes de santé qui l’ont empêchée d’être parmi nous pour le symposium. Le club est sincèrement désolé pour Sheilagh qui est venue si souvent juger nos chiens en France et lui souhaite un prompt rétablissement. Mrs Sheena MacLaine a accepté de présenter au symposium les travaux préparés par Sheilagh Waters. Elle a fait un point très complet sur les points essentiels du standard qu’il convient de conserver pour garder à la race des Cavalier King Charles leurs qualités et Mr. Hans Boelaars, éleveur hollandais réputé de Cavalier King Charles sous l’affixe « Lamslag », a parlé des évolutions du standard avec le temps.


Exposé de Mrs Alicia Pennington et Exposé de Mr Hans Boelaars

Mrs Alicia Pennington, éleveuse britannique réputée de King Charles sous l’affixe « Tudorhurst » et le Dr Schemel, vétérinaire britannique ont fait de même un point très complet sur les qualités essentielles à préserver de la race des King Charles. Tous ces intervenants étrangers sont juges de nos races et par conséquent les connaissent bien.


Exposé du Dr Andreas Schemel

Toutes ces sessions se sont terminées par des tables rondes animées par les membres du comité du CENA. Elles ont permis aux participants de poser des questions aux orateurs ou d’apporter leurs témoignages sur les sujets abordés, notamment pour parler des expériences étrangères.



La densité des échanges entre les participants et la qualité des exposés ont rendu très difficile la clôture de cette journée car personne, malgré la fatigue, ne souhaitait « s’arrêter » (sauf peut-être les interprètes !) !


Les traductrices mises à rude épreuve…

Les participants ont recueilli ce jour là de nombreuses informations et se sont séparés en se promettant de se revoir bientôt. Les plus sceptiques sur les possibilités d’échange et de dialogue avec les clubs et les particuliers étrangers étaient convaincus du contraire à la fin de cette journée. J’espère qu’après lecture de ce compte rendu, vous n’aurez peut-être qu’un regret : celui ne de pas avoir pu y participer.

Patrice Jauffret